Le Burkina Faso vient de franchir un cap diplomatique significatif en déclarant persona non grata la Coordonnatrice Résidente du Système des Nations Unies, Carol Flore-Smereczniak. Cette décision, prise par le gouvernement burkinabè, met en lumière une fracture grandissante entre les institutions internationales et les États africains résolus à défendre leur souveraineté narrative et politique.
Le point de rupture : Un rapport intitulé « Les enfants et le conflit armé au Burkina Faso », produit sous la coprésidence de la responsable onusienne. Le gouvernement burkinabè dénonce un document unilatéral, élaboré sans concertation avec les autorités nationales, et reposant, sur des sources « non objectives », sans preuves tangibles ni éléments judiciaires. Plus grave encore, le texte mettrait sur le même plan les forces armées burkinabè et les groupes terroristes, ce qui constitue une ligne rouge pour un pays en guerre contre le terrorisme depuis près de dix ans.
Cette crise diplomatique révèle un fond plus large : le rejet croissant de certaines méthodes onusiennes perçues comme condescendantes et déconnectées des réalités locales. Le Burkina Faso, dans une posture affirmée de souveraineté, rappelle ainsi qu’il ne tolérera plus que son engagement dans la protection des enfants et des civils soit dépeint à travers des prismes biaisés.
Le gouvernement burkinabè souligne également une volonté manifeste, de la part de certaines agences onusiennes, d’entretenir une sémantique ambigüe, floutant les responsabilités dans le conflit. Cela alimente un ressentiment plus global sur le continent africain : le besoin d’une représentation juste, équilibrée et collaborative dans l’élaboration des rapports internationaux.
Cette affaire pourrait constituer un précédent. Elle interroge le modèle de coopération entre les États africains souverains et les institutions internationales souvent jugées trop verticales. Dans le cas burkinabè, ce geste fort de réaffirmation nationale s’inscrit dans une dynamique plus large de reconfiguration des partenariats et de recentrage sur les priorités endogènes.
La crise actuelle entre Ouagadougou et l’ONU rappelle une chose essentielle : aucune paix durable ne peut se bâtir sans respect mutuel ni reconnaissance des efforts internes. Les partenariats internationaux doivent désormais évoluer vers une véritable coopération horizontale.