À l’heure où l’Afrique redéfinit son rapport à la nature et au développement, le Togo envoie un message puissant à la communauté nationale et internationale en réaménageant ses forêts. Le plan d’aménagement validé pour la forêt classée de Missahöhe, dans la préfecture de Kloto, est un acte politique fort, un choix souverain en faveur d’un modèle de développement enraciné, durable, et résolument tourné vers l’avenir.
Classée depuis 1953, la forêt de Missahöhe avait subi les assauts de l’oubli, de l’exploitation anarchique et d’une pression démographique croissante. Aujourd’hui, avec l’appui stratégique du Mécanisme Forêt et Paysans (FFF) de la FAO et du Comité Local de Gestion (CLG), le gouvernement togolais engage une bataille décisive pour la régénération de ce patrimoine naturel, véritable poumon écologique de la région de Kpalimé.
Mais au-delà de la restauration forestière, c’est un changement de paradigme qui se dessine. Le plan 2025-2035 articule trois axes structurants ; conservation active, économie verte inclusive, et gouvernance communautaire. Il ne s’agit pas simplement de planter des arbres, mais de replanter l’espoir, d’enraciner une économie rurale résiliente et de bâtir une souveraineté alimentaire et écologique fondée sur les savoirs locaux et les ressources du terroir.
Mobiliser 1,5 milliard de FCFA sur dix ans pour Missahöhe, c’est investir dans la sécurité climatique, la biodiversité et la dignité des communautés. À travers l’agroforesterie, la valorisation des produits forestiers non ligneux et l’écotourisme, le Togo démontre qu’il est possible de réconcilier l’humain et la nature, le développement et la conservation, le local et le global.
Dans un contexte où le Sahel et l’Afrique de l’Ouest subissent de plein fouet les conséquences du dérèglement global, ce plan est aussi une contribution concrète à la lutte contre le changement climatique. Il agit, de manière endogène, stratégique et structurée. Missahöhe devient ainsi un symbole de résistance écologique et un modèle de gouvernance verte à l’échelle continentale.