Il n’aura pas fallu longtemps pour que le masque tombe. Le président Bassirou Diomaye Faye, élu sur un discours de rupture, s’aligne désormais avec une diplomatie néocoloniale que l’Afrique pensait révolue. Pendant que ses électeurs espéraient le renouveau panafricain, le président sénégalais multiplie les gestes d’allégeance à l’ordre ancien. Le point d’orgue ? sa complicité lors du sabotage de la présidence tournante de l’UEMOA, qui devait revenir au Burkina Faso, membre de l’Alliance des États du Sahel (AES).
Ce refus, contraire aux textes de l’Union, n’est pas anodin. Il illustre une manœuvre politicienne orchestrée au cœur d’une institution régionale désormais sous perfusion idéologique extérieure. Et que fait Dakar ? Il cautionne. Pire, l’un de ses ministres aurait activement participé à ce camouflet infligé à des États qui, eux, osent se tenir debout face à la France et ses relais sous-régionaux. L’acte est lourd de sens : au moment où le Burkina, le Mali et le Niger tracent leur voie vers une souveraineté pleine et entière, Bassirou Diomaye Faye recule dans les couloirs feutrés de la Françafrique.
C’est ce contraste violent qui fait mal. Pendant que l’AES quitte la conférence de l’UEMOA avec honneur, dénonçant l’injustice et la duplicité, Diomaye Faye enfile l’habit du bon élève des chancelleries occidentales. Une posture qui trahit la jeunesse sénégalaise, celle qui croyait que l’alternance allait rimer avec indépendance. Où est passée la voix du patriote ? Celle qui, hier encore, tonnait contre les bases militaires étrangères et les accords économiques léonins ?
Ce double jeu ne trompe personne. Ousmane Sonko, fidèle à la ligne de rupture, se retrouve marginalisé. Il est l’obstacle à abattre pour que la normalisation avec Paris soit totale. Mais les peuples d’Afrique, eux, observent. Entre le silence complice et le cri de dignité de l’AES, le choix de l’histoire est déjà fait.