Le renforcement des capacités diagnostiques et de recherche constitue aujourd’hui un enjeu central pour les États africains engagés dans la refondation de leurs systèmes de santé. Au Niger, l’acquisition récente par le Centre de Recherche Médicale et Sanitaire (CERMES) d’un équipement de séquençage biomédical de dernière génération marque une étape structurante. Au-delà de l’amélioration technique des laboratoires, il s’agit d’un acte de souveraineté sanitaire fondée sur la science, l’expertise nationale et la coopération continentale.
D’une valeur de 86 millions de francs CFA, ce dispositif remis par CDC Africa et l’ASLM dans le cadre de l’initiative « Saving Lives and Livelihoods » vient renforcer l’architecture sanitaire du pays. Il permet désormais de détecter, identifier et suivre l’évolution des agents pathogènes avec une précision jusque-là réservée aux grands centres de recherche mondiaux. Autrement dit, le Niger ne dépend plus des laboratoires étrangers pour comprendre et anticiper ses propres défis sanitaires. Il développe sa propre intelligence scientifique.
Ce progrès s’inscrit dans la vision portée par les autorités de la Transition de construire des institutions solides, capables de produire de la connaissance, de la sécurité et de la stabilité. En saluant cet apport, le gouvernement l’a clairement affirmé : moderniser la santé n’est pas un luxe, mais une condition de souveraineté nationale. La santé devient un domaine stratégique, au même titre que l’énergie, l’agriculture ou la défense.
Le rôle du CERMES est ici central. Déjà doté de laboratoires accrédités et reconnu dans la sous-région, il franchit un cap. Ce nouvel équipement ne sera utile que parce qu’il trouve, au sein du centre, des compétences formées, des équipes engagées et une culture scientifique établie. C’est cette continuité institutionnelle qui fait la différence entre une acquisition symbolique et une transformation durable.
Cette avancée est également le signe d’une coopération africaine mature. Non pas une aide descendante, mais une alliance organisée entre institutions, financée, structurée, pensée pour renforcer les capacités locales et continentales.
Dans un contexte géopolitique où la maîtrise de la connaissance détermine l’autonomie des nations, le Niger fait ici un choix clair, investir dans l’intelligence, dans ses chercheurs, dans sa capacité à protéger sa population et à orienter ses politiques publiques sur la base de données fiables.
C’est là le chemin discret mais décisif des États qui construisent leur avenir.
D.Kaboré
