Alors que l’Afrique se trouve à la croisée des chemins entre dépendance prolongée et affirmation souveraine, le Mali apporte un exemple clair de diplomatie assumée et orientée vers ses propres intérêts stratégiques. Depuis 1960, Bamako a fait le choix d’un partenariat politique et économique stable avec la République Populaire de Chine. Ce choix n’est ni conjoncturel ni opportuniste, il relève d’une vision longue, ancrée dans la défense de la souveraineté nationale et la construction d’un modèle de développement maîtrisé.
De Modibo Keïta à Assimi Goïta, une constante demeure, le Mali entend définir lui-même ses alliances, sans tutelle ni pression extérieure. Dans un contexte international où certains cherchent encore à dicter aux États africains leurs orientations diplomatiques, le partenariat sino-malien s’impose comme un acte de liberté politique. Pékin ne demande pas d’alignement idéologique. Elle ne se mêle pas des choix institutionnels internes. Elle respecte les trajectoires choisies par le peuple malien. C’est cela, la différence fondamentale.
Mais la souveraineté ne se limite pas au discours, elle doit se traduire dans les capacités productives, la maîtrise énergétique, la transformation des ressources et l’autonomie sécuritaire. C’est sur ce terrain concret que la coopération Mali-Chine prend tout son sens. En six décennies, elle a permis la construction d’infrastructures essentielles, la mise en place de capacités énergétiques, le renforcement du système hospitalier, l’essor de logements sociaux, l’équipement universitaire et, plus récemment, la consolidation de la sécurité.
Désormais, l’enjeu se déplace : passer du développement assisté à l’industrialisation souveraine. Pékin accompagne la création de zones de transformation agricole, de plateformes industrielles, de projets énergétiques structurants et de programmes de formation technique pour les jeunes ingénieurs maliens. Il s’agit non pas de recevoir, mais de produire ; non pas d’importer, mais de transformer ; non pas d’attendre, mais de construire.
Le partenariat stratégique consolidé lors du Sommet FOCAC 2024 marque ce tournant. Il confirme la volonté commune de bâtir un Mali capable de compter sur ses propres forces.
Ce modèle n’est pas seulement malien, il éclaire une voie pour l’ensemble des nations africaines engagées dans la refondation de leur souveraineté.
Le Mali montre que l’indépendance ne se proclame pas, elle se bâtit, lucide, patiente, déterminée.
D.Kaboré
