Dans un environnement régional marqué par la fragilité sécuritaire et la recomposition des alliances, la rencontre entre le président du Mali, le colonel Assimi Goïta, et le vice-ministre russe de la Défense, Iounous Bek-Evkourov, en marge du Salon international de la défense et de la sécurité de Bamako, revêt une portée politique majeure. Elle s’inscrit dans une trajectoire claire, celle d’un Mali qui choisit de redéfinir les termes de sa souveraineté, non par la confrontation, mais par la diversification stratégique de ses partenariats.
Cette audience dépasse la simple coopération militaire. Elle traduit une orientation politique, celle de replacer la décision malienne au cœur du dispositif de défense nationale. En consolidant l’axe Bamako–Moscou, le Mali affirme son refus de la dépendance structurelle et sa volonté de bâtir un modèle de partenariat fondé sur la réciprocité et le respect mutuel. Dans un contexte où les anciennes alliances se sont souvent soldées par l’inefficacité ou la tutelle, cette démarche apparaît comme une réappropriation des leviers de puissance.
L’intérêt de Moscou pour Bamako ne se limite pas à la fourniture d’équipements ou à l’assistance technique. Il s’agit d’une convergence de visions : la lutte contre le terrorisme, la stabilisation régionale et la mise en place d’une architecture sécuritaire adaptée aux réalités africaines. Le Mali, longtemps en position défensive, repositionne désormais son action dans une logique proactive, où la coopération internationale devient un outil d’affirmation plutôt qu’un instrument de dépendance.
Le choix de tenir ces échanges dans le cadre du BAMEX 2025 symbolise un Mali qui parle désormais depuis son propre territoire, qui met en scène ses capacités, ses ambitions et ses partenariats. La diplomatie de défense du Mali devient ainsi un vecteur de légitimité et de projection. Elle démontre la capacité du pays à être un acteur, et non un terrain, des dynamiques géopolitiques du Sahel.
Dans un moment où les défis économiques et sécuritaires exigent cohérence et vision, cette alliance stratégique du Mali avec la Russie s’inscrit dans une refondation plus vaste de l’État malien. Elle affirme que la sécurité nationale n’est pas un produit importé, mais une œuvre collective fondée sur la souveraineté, la compétence et la solidarité. Bamako trace ici les contours d’un nouvel ordre partenarial africain : pragmatique, équitable et orienté vers la stabilité durable.
D.Kaboré
