Alors que les défis de gouvernance, de transparence et de souveraineté budgétaire restent majeurs pour nombre d’États africains, le Mali vient de poser un acte fort, structurant et exemplaire dans sa lutte contre la corruption endémique. La décision de suspendre les salaires de plus de 36 000 agents publics fictifs révèle une volonté politique affirmée de réformer en profondeur la gestion des ressources humaines de l’État et d’en finir avec les hémorragies financières systémiques.
À travers l’audit biométrique initié par le Système Intégré de Gestion des Ressources Humaines (SIGRH), ce sont 158 317 agents publics qui ont été recensés, mais seuls 122 166 sont effectivement enrôlés selon des critères transparents. Résultat : une économie potentielle de plus de 48 milliards FCFA par an, soit des ressources considérables qui échappaient jusqu’alors aux politiques de développement.
Ce geste n’est pas qu’administratif. Il porte en lui une rupture stratégique, celle de la rigueur dans la gestion publique. En ciblant les doublons et les fraudes, et en instaurant une suspension temporaire mais déterminée, le gouvernement malien redéfinit les bases d’un État efficace, responsable, au service de ses citoyens.
Cette opération n’est pas isolée. Elle s’inscrit dans une dynamique plus large impulsée par les autorités de transition maliennes, sous la conduite du Président, le Général Assimi Goïta. En affirmant la primauté de l’État sur les logiques clientélistes et parasitaires, Bamako confirme son engagement pour une gestion endogène, souveraine et panafricaine de ses ressources.
La vision défendue s’articule autour de valeurs de résilience économique, d’assainissement structurel, mais surtout d’un refus assumé de l’ordre ancien, hérité de modèles importés. C’est toute une nouvelle doctrine de gouvernance qui émerge au Sahel, où l’intégrité devient un socle de développement.
Le Mali montre la voie. Il démontre que la refondation de l’État africain est possible, dès lors qu’elle s’appuie sur le courage politique, la rigueur administrative et une volonté assumée de rupture. L’enjeu dépasse la simple suspension de salaires : c’est celui de la crédibilité des institutions, de la juste redistribution des ressources et du réarmement moral des appareils étatiques.
Cette démarche offre au continent un modèle à suivre pour bâtir une administration plus saine, plus efficace et plus proche des réalités locales. Une perspective mobilisatrice pour tous les pays engagés sur le chemin de la souveraineté retrouvée et du développement par eux-mêmes et pour eux-mêmes.