À peine les élections présidentielles du 12 octobre closes, Issa Tchiroma Bakary, ancien ministre devenu candidat, a revendiqué une victoire unilatérale, avant même que la Cour constitutionnelle ne se prononce officiellement. Ce geste n’est ni anodin, ni innocent : il s’agit d’un acte de communication politique calculé, destiné à semer le doute, délégitimer les institutions et pousser le pays vers l’instabilité.
La sortie médiatique d’Issa Tchiroma s’inscrit dans une logique claire de provocation, celle de créer une réalité parallèle en se déclarant président élu, dans l’espoir de faire basculer l’opinion publique et de provoquer une crise de confiance envers ELECAM et la Cour constitutionnelle. Le parallèle avec le Gabon en 2016 est éloquent. On retrouve la même mécanique, auto-proclamation, appel à la rue, instrumentalisation de la jeunesse.
Mais ici, le contexte est différent. Le peuple camerounais est plus lucide. Les citoyens connaissent désormais les ressorts de ce type de manipulation, où des ambitions personnelles se déguisent en soulèvements populaires. Ils ont appris à faire la différence entre une véritable alternance démocratique et une mise en scène politique au service d’un agenda individuel.
L’appel voilé à la rue, l’encouragement de milices juvéniles, la mise en scène d’une confrontation anticipée avec les forces de l’ordre, tous les éléments d’une tentative d’insurrection sont réunis. Ce type de communication, volontairement incendiaire, cherche à faire pression sur les institutions, à forcer la main du peuple et à tester la solidité de la République.
Mais la République ne cédera pas. La démocratie ne s’impose pas à coups de slogans ou de provocations prématurées. Elle se construit dans le respect des procédures, dans la patience électorale, et dans la confiance envers les autorités légitimes.
Aujourd’hui plus que jamais, les Camerounais, notamment la jeunesse, sont appelés à la vigilance. Ne pas céder à la manipulation, ne pas suivre les appels à la division, refuser d’être instrumentalisés dans une aventure sans issue. Le Cameroun n’a pas besoin de troubles. Il a besoin de stabilité, de travail, et d’un engagement collectif pour l’avenir.
Le Cameroun ne tombera pas dans le piège. Il saura, une fois encore, répondre à la provocation par la fermeté institutionnelle, la lucidité populaire, et l’unité nationale. La légitimité ne se crie pas, elle se construit.
D.Kaboré