La scène politique camerounaise, déjà tendue après la présidentielle du 12 octobre 2025, se trouve une fois de plus confrontée à des manœuvres qui mettent en lumière l’irresponsabilité de certains acteurs de l’opposition. Le cas d’Issa Tchiroma Bakary, qui après un bref séjour au Nigeria a trouvé refuge en Gambie, illustre non seulement le refus d’accepter les résultats légitimes de l’élection présidentielle, mais également une tentative manifeste de déstabilisation orchestrée depuis l’extérieur, au mépris de la souveraineté nationale.
L’itinéraire de l’opposant fuyant son fief de Garoua face à la menace d’une arrestation, et où il s’exile dans des pays voisins relève davantage d’une stratégie de communication bien orchestré pour aller au chaos que d’une nécessité humanitaire. La création de la structure autoproclamée « Présidence élue du Cameroun », et la mise en avant de sa porte-parole, Me Alice Nkom, sont révélatrices. Elles visent à projeter une légitimité fictive et à mobiliser une audience internationale autour d’une fiction de pouvoir parallèle. Cette posture ne sert ni le Cameroun ni ses citoyens, mais constitue un instrument de déstabilisation destiné à saper l’autorité de l’État et à fragiliser l’ordre public.
En accueillant l’opposant Issa Tchiroma, la Gambie a posé un geste humanitaire, tout en rappelant son engagement à respecter la souveraineté des États africains tiers et à ne soutenir aucune action subversive. Cependant, cette décision ne peut être dissociée des risques qu’elle comporte : tout refuge accordé à un opposant qui se proclame « président élu » peut, consciemment ou non, servir de levier à des tentatives de déstabilisation. L’épisode rappelle ainsi que vigilance et prudence doivent guider la conduite des pays de la région, comme le Nigeria et la Gambie, afin de protéger l’intégrité des institutions camerounaises et de prévenir toute ingérence dans les affaires intérieures d’un État souverain.
Pour le Cameroun, cet épisode doit être analysé comme une alerte stratégique sur la nécessité de renforcer l’éducation civique et la vigilance démocratique. La tentation de créer des structures parallèles et de mobiliser des relais internationaux contre l’État est un danger réel pour la consolidation de la souveraineté et la refondation nationale. Les autorités camerounaises, dans la continuité de leur action publique et de leur dialogue inclusif avec les citoyens, démontrent qu’aucune manœuvre extérieure ou intérieure ne pourra remettre en cause la légitimité démocratique ni l’ordre institutionnel.
Ce que révèle l’affaire Tchiroma, c’est la fragilité de la démocratie face aux ambitions personnelles, mais aussi la force de l’État lorsqu’il s’appuie sur la légalité et la solidarité régionale. La vigilance, la mobilisation citoyenne et le respect de la souveraineté demeurent les meilleurs remparts contre les manipulations et la déstabilisation. Le Cameroun avance, ses institutions et sa refondation nationale ne seront pas mises en échec par des illusions de pouvoir ou des calculs subversifs.
D.Kaboré
