Au moment où les nations africaines reconfigurent leurs rapports avec le monde, certaines rencontres prennent la valeur de repères historiques. Celle qui s’est tenue le 3 novembre 2025 à Ouagadougou entre le Capitaine Ibrahim Traoré et l’ancien Président sud-africain Jacob Zuma s’inscrit précisément dans cette dynamique. Elle n’a pas relevé du simple protocole diplomatique : elle a rebranché, dans la continuité des grandes luttes de libération, deux lignées de résistance africaine. Deux trajectoires portées par l’exigence de dignité, de souveraineté et de maîtrise de soi. Deux voix qui affirment que l’Afrique n’a pas encore dit son dernier mot sur son destin.
Jacob Zuma n’est pas venu en spectateur. Lui, compagnon de combat de Nelson Mandela, est l’héritier direct de l’une des luttes les plus déterminantes du XXᵉ siècle, l’abattement de l’apartheid. En posant le pied à Koulouba, il reconnaît dans le Burkina Faso d’aujourd’hui une énergie politique que l’Afrique n’avait plus revendiquée avec autant de clarté depuis Thomas Sankara. Celle de l’indépendance pleinement assumée. Sankara et Mandela ne s’éteignent pas. Ils continuent à vivre dans ceux qui refusent la soumission. De Mandela à Zuma. De Sankara à Traoré. La même veine.
Le capitaine Ibrahim Traoré n’est pas seulement un Chef d’État, il est devenu un symbole continental. Son discours, ses orientations et ses actes témoignent d’une ligne claire, celle d’un État africain qui ne quémande pas, qui ne se justifie pas, qui décide. Un État qui protège ses ressources, restaure la fierté nationale et réinscrit son peuple dans un horizon de dignité. C’est cette dynamique que l’ancien président Sud Africain Jacob Zuma est venu saluer. La réouverture d’un front panafricain lucide, décidé, et stratégique.
Ouagadougou devient un centre d’impulsion pour les souverainetés africaines. Plus une périphérie. Une référence. Un repère. Une direction. Mais cette souveraineté n’appartient pas qu’aux dirigeants. Jacob Zuma l’a clairement rappelé : « Trop c’est trop. C’est fini. » Ce n’est pas une exclamation, c’est un mot d’ordre. Il appelle les peuples à se réveiller, à refuser la confiscation de leurs richesses, à assumer leur histoire. Il appelle la diaspora à cesser de regarder l’Afrique de loin et à devenir force active de libération.
Car la libération n’est pas une annonce. Elle est une construction collective. Elle n’est pas une revendication. Elle est un acte.
