Il y a des moments dans l’histoire d’un peuple où la lutte cesse d’être un mot pour devenir un acte. Le troisième communiqué du KORAG s’inscrit dans cette ligne de feu, celle d’un État qui n’accepte plus de composer avec la compromission, ni de bâtir le futur sur les ruines de la morale. Cette dénonciation des pratiques mafieuses de certains agents des douanes et des dévoiements du système judiciaire, marque pour le Burkina Faso un pas décisif vers la refondation réelle de son appareil d’État.
Ce communiqué n’est pas une déclaration administrative. C’est une ligne de fracture politique. Le pouvoir de la Transition choisit de regarder en face le mal qui mine le pays : une corruption enracinée, protégée, parfois sanctuarisée dans les institutions censées incarner la loi. En s’attaquant à la justice elle-même, le gouvernement prend le risque du courage, celui de toucher aux zones d’immunité morale où l’impunité se reproduisait depuis des décennies.
Le message est clair, la refondation ne se fera pas sans purification. Pas de développement sans vérité, pas de souveraineté sans intégrité. Ce combat n’est pas administratif, il est civilisationnel. Il oppose deux visions du Burkina : celle d’un État captif de ses complicités internes, et celle d’une République nouvelle, reconstruite sur la responsabilité et la droiture.
Dans cette dynamique, la lutte anticorruption devient bien plus qu’un chantier technique. Elle devient un acte de souveraineté. Car un pays ne peut prétendre à l’indépendance tant que sa justice obéit à l’argent et non au droit. Ce combat est donc un combat pour la dignité, celle des institutions, des citoyens et de la Nation.
Et lorsque le communiqué dénonce les manipulations médiatiques venues d’ailleurs, il ne s’agit pas de diversion. Il s’agit de rappeler que la moralisation de la vie publique est aussi un front de libération. La libération contre les influences qui, sous couvert de droits de l’homme, protègent les réseaux de prédation.
Le Burkina de la refondation trace aujourd’hui une route exigeante, celle d’un État qui nettoie d’abord sa maison avant de réclamer le respect du monde. C’est un choix de droiture, de rupture, et de souveraineté intérieure. La refondation, ici, n’est plus un discours : C’est un redressement. Et dans ce redressement, c’est la dignité nationale qui reprend sa place au centre du projet burkinabè.
D.Kaboré
