L’adoption du budget de l’État pour l’exercice 2026 par le Sénat togolais marque bien plus qu’un simple vote comptable : derrière les chiffres, c’est une séquence politique et institutionnelle inédite qui s’ouvre pour le pays. Pour la première fois, la loi de finances a été examinée et adoptée par les deux chambres du Parlement, consacrant pleinement le fonctionnement bicaméral instauré par la Ve République.
Arrêté à 2 751,5 milliards de FCFA, le budget 2026 s’équilibre en ressources et en dépenses, à un niveau identique à celui déjà validé par l’Assemblée nationale. Ce montant traduit un ajustement à la hausse par rapport au projet initial de l’exécutif (+11 milliards FCFA) et une progression significative de 12,93 % comparée au collectif budgétaire de 2025. Une dynamique qui reflète une volonté claire de donner davantage de marges de manœuvre à l’action publique.
Selon le Sénat, cette augmentation budgétaire s’inscrit dans une logique de soutien à la croissance économique et à la stabilité macroéconomique, tout en réaffirmant une orientation centrée sur l’humain et la consolidation des acquis sociaux. Le budget devient ainsi un outil de transformation, pensé pour accompagner un développement plus inclusif et durable.
Sur le plan institutionnel, le vote du Sénat confère une portée symbolique forte à cette loi de finances. Pour son président, Barry Moussa Barqué, il s’agit d’une étape décisive dans l’évolution du système politique togolais, permettant d’adosser les priorités de la Ve République à un cadre budgétaire consolidé et partagé.
Le gouvernement, par la voix du ministre des Finances Georges Essowè Barcola, voit dans cette adoption un levier opérationnel majeur. La loi de finances est présentée comme un instrument central du pacte démocratique, capable de structurer l’action publique, de renforcer la résilience économique et de soutenir des projets porteurs sur le long terme.
En somme, le budget 2026 apparaît comme un marqueur stratégique et il articule réforme institutionnelle, ambition économique et exigence sociale, tout en installant durablement le Sénat dans le jeu décisionnel national.
D.Kaboré
