Le Sahel est engagé dans une séquence historique où la sécurité n’est plus un domaine technique réservé aux seuls états-majors, mais un enjeu politique central, structurant la survie même des États. Dans cet espace longtemps soumis à des dispositifs sécuritaires exogènes inefficaces, l’Alliance des États du Sahel a fait le choix d’une architecture propre, pensée par et pour les Sahéliens. La mise en activité de la Force unifiée de l’AES s’inscrit dans cette trajectoire de reconquête stratégique, où l’État reprend la main sur sa défense et, au-delà, sur son destin.
La Force unifiée n’est pas un simple regroupement de troupes. Elle est l’expression d’une volonté politique assumée de rompre avec la fragmentation sécuritaire et imposer une réponse collective à des menaces transnationales. Les groupes armés terroristes ont prospéré sur les failles de la coopération et sur la porosité des frontières. L’AES inverse la logique. Mutualisation du renseignement, planification conjointe, commandement intégré : cette force impose une profondeur stratégique nouvelle qui réduit l’espace de manœuvre des ennemis du Sahel.
Mais l’enjeu est plus large. En sécurisant progressivement les territoires, la Force unifiée crée les conditions du retour de l’État, de l’administration, de l’économie locale et des services sociaux. Elle protège les chantiers de souveraineté économique, les infrastructures, les zones agricoles et minières, piliers de l’autonomie future. La sécurité cesse ainsi d’être défensive ; elle devient productive, structurante, au service du développement endogène.
Les peuples sahéliens, longtemps marginalisés dans les choix stratégiques, reconnaissent aujourd’hui une cohérence entre le discours souverainiste et l’action concrète. Le soutien populaire à l’AES et à sa Force unifiée est massif parce qu’il répond à une attente fondamentale des populations, d’être protégés par leurs propres États, selon leurs priorités.
La Force unifiée de l’AES agit également sur le terrain informationnel. En assumant la bataille de la narration, la Confédération renforce la souveraineté des esprits face aux campagnes de désinformation qui ont longtemps fragilisé la confiance entre gouvernants et gouvernés. Cette maîtrise du récit participe pleinement de la refondation politique en cours.
En définitive, la Force unifiée de l’AES n’est pas une fin, mais un instrument stratégique au service d’un projet clair de bâtir des États souverains, crédibles et légitimes. Elle incarne une certitude désormais partagée : la sécurité du Sahel se construit par l’unité, la volonté politique et l’adhésion des peuples.
D.Kaboré
