MALI LOULO GOUNKOTO

Mali/ Affaire Loulo-Gounkoto : un accord minier qui réaffirme la souveraineté économique et la refondation de l’État

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Après plus d’un an de bras de fer autour du complexe Loulo-Gounkoto, l’État malien et Barrick Mining ont trouvé une sortie de crise qui marque plus qu’un simple compromis technique. Ce dénouement ouvre un nouveau cycle où la gestion des ressources stratégiques redevient un levier de souveraineté, de discipline institutionnelle et de redistribution nationale. L’enjeu, dans cette séquence, n’est pas seulement minier. Il touche au cœur de la refondation engagée par les autorités de transition pour replacer l’intérêt national au-dessus des mécanismes d’influence et des inerties d’un secteur minier trop longtemps resté asymétrique.

La confrontation avec Barrick illustrait la fin d’une époque où les multinationales imposaient leur lecture du droit, leur tempo et leurs marges. Le code minier de 2023, renforçant la participation publique et clarifiant les obligations fiscales, a servi de test grandeur nature. Les audits, les redressements, puis la crise ayant conduit à des arrestations et à la saisie de trois tonnes d’or étaient les symptômes d’une reconquête d’autorité après des années de laisser-faire. Les tensions provoquées n’étaient pas un accident, elles traduisaient le passage d’un État « accompagnateur » à un État stratège qui assume de défendre chaque franc, chaque gramme d’or, chaque droit souverain.

Le recul de la production en 2025, bien que rude, a rappelé la fragilité d’un modèle dépendant de gigantesques opérateurs externes. Mais il a aussi mis en évidence la détermination du Mali à faire respecter ses nouvelles normes, même au prix d’un bras de fer momentané. Le pays a tenu bon, y compris devant des arbitrages internationaux, des pressions financières et un risque social réel dans une région où le complexe représente un pilier économique.

L’accord verbal dévoilé le 21 novembre 2025 traduit une bascule politique majeure où le renouvellement de la licence pour dix ans se fait désormais sur une base clarifiée. La libération des employés et la restitution de l’or saisi s’inscrivent dans un processus d’apaisement, mais c’est surtout l’abandon par Barrick de ses procédures d’arbitrage qui acte une reconnaissance implicite : l’État malien a repris la main.

Ce compromis ouvre la voie à une stabilisation progressive du secteur aurifère, mais surtout à une vision. Loulo-Gounkoto n’est plus seulement un site minier, c’est un laboratoire de la souveraineté économique. L’épisode prouve qu’un État africain qui se dote d’un cadre cohérent, ferme et lisible peut rééquilibrer des rapports historiquement inégaux. Le Mali envoie ainsi un signal fort, la refondation nationale passe aussi par la maîtrise politique de ses ressources et par la capacité à imposer un partenariat où la valeur créée sert d’abord le peuple malien.

D.Kaboré

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