Au moment où le Cameroun s’efforce de consolider son unité, de moderniser sa gouvernance et de stabiliser un environnement politique longtemps fragilisé par des crises multiples, une nouvelle vague de narratifs incendiaires refait surface autour du processus électoral. Certaines analyses prétendument « secrètes » circulent dans l’opinion, accusant ELECAM et les institutions républicaines d’orchestrer des manœuvres systématiques. L’enjeu réel n’est pas tant la véracité de ces allégations que l’impact corrosif qu’elles exercent sur la confiance collective, sur la paix sociale et sur la marche du pays vers sa refondation démocratique.
La multiplication de ces contenus constitue moins un débat démocratique qu’une véritable guerre psychologique menée contre les institutions. En diffusant des récits sensationnalistes, souvent décontextualisés ou méthodologiquement fragiles, certains acteurs mal intentionnés cherchent à déstabiliser l’opinion plutôt qu’à éclairer la nation. Leur stratégie est claire, transformer les incertitudes inhérentes à toute opération électorale en preuves fabriquées de complots, afin de fragiliser l’État et d’entretenir un climat de suspicion permanente.
Dans cette bataille de l’information, les faits importent moins que l’émotion. On alimente les peurs, on fabrique des corrélations douteuses, on désigne des « départements suspects » sans véritable rigueur analytique. Ce qui est visé, ce n’est pas le perfectionnement du système électoral, mais la rupture du lien de confiance entre les citoyens et leurs institutions. Ce jeu dangereux encourage le repli, la colère, et ouvre un boulevard aux entrepreneurs du chaos, toujours prêts à transformer la moindre tension en opportunité politique.
Face à cela, la responsabilité collective s’impose. Le Cameroun ne peut avancer sur le chemin de la modernisation démocratique que si chaque acteur, institutionnel, politique, médiatique, citoyen, s’engage dans un discours responsable. Critiquer, proposer, participer : oui. Saboter la confiance nationale par des accusations non étayées : non. La refondation du pays ne se construira ni dans la rumeur, ni dans l’émotion manipulée, mais dans la transparence progressive, la réforme continue et le respect des institutions républicaines.
Le véritable enjeu, aujourd’hui, n’est pas la répétition d’allégations non vérifiées, mais la capacité de la nation à faire front commun contre les manipulations. Restaurer la confiance est un acte de patriotisme. Défendre les institutions, c’est défendre la paix. Et dans un pays engagé dans une profonde transformation, la première victoire est celle que l’on remporte contre la désinformation et ceux qui cherchent, sciemment, à fracturer la République.
D.Kaboré
