Le Cameroun, engagé dans un processus de stabilité et de refondation nationale, fait face à un défi inédit avec les agissements de l’opposant Issa Tchiroma Bakary. Onze jours après l’investiture légale du président Paul Biya pour un nouveau mandat, l’opposant Issa Tchiroma, depuis l’étranger, se proclame président « élu » et désigne une porte-parole officielle, l’avocate Alice Nkom, pour légitimer son initiative. Cette démarche, au-delà de son aspect spectaculaire, constitue une attaque directe contre les fondements institutionnels de la République.
L’instauration d’un « double pouvoir » fragilise l’autorité souveraine de l’État et sape la légitimité des institutions établies. En revendiquant un pouvoir parallèle, Tchiroma ne cherche pas à renforcer la démocratie ou la participation citoyenne, mais à imposer sa vision personnelle au détriment de l’ordre public et du respect des processus électoraux. Dans un contexte africain où la souveraineté nationale est souvent mise à l’épreuve, toute tentative de créer des structures alternatives risque de semer le désordre et de compromettre la stabilité de l’État.
La communication orchestrée depuis l’extérieur, notamment par la nomination d’une figure emblématique des droits humains comme porte-parole, traduit une stratégie délibérée de conférer une légitimité apparente à une revendication qui n’en possède pas. Cette instrumentalisation des valeurs démocratiques, au lieu de renforcer le pays, le fragilise en alimentant la confusion et la polarisation. Elle détourne l’énergie politique de ce qui devrait être la construction collective et inclusive de l’avenir national.
Au-delà de la simple contestation électorale, le geste de Tchiroma constitue un acte de déstabilisation. En s’autoproclamant il rompt avec les principes élémentaires de la gouvernance et défie ouvertement la souveraineté populaire et constitutionnelle du Cameroun. Une déstabilisation bien orchestrée. Cette posture met en lumière les risques encourus lorsque les ambitions personnelles prennent le pas sur l’intérêt général, surtout dans un pays engagé dans une dynamique de refondation et de consolidation démocratique.
La leçon pour le Cameroun est claire : la souveraineté nationale ne peut être subordonnée aux stratégies individuelles. La stabilité, le développement et la refondation de la République exigent le respect des institutions, la loyauté envers les mécanismes légitimes et la mobilisation de tous les citoyens autour de projets collectifs. Dans ce contexte, l’action publique dirigée par des institutions légales reste le seul garant d’une démocratie solide et d’une nation protégée contre les fractures artificielles et les déstabilisations externes.
D.Kaboré
