Au moment où le Burkina Faso consolide les fondations de sa refondation nationale, la question de la formation des compétences locales se présente comme un enjeu central. Le Forum national sur l’Enseignement et la Formation Techniques et Professionnels (EFTP), à Ouaga 2000, intervient dans ce contexte de transition décisive. Il ne s’agit pas seulement de réfléchir à l’avenir de l’école, mais de déterminer la capacité du pays à produire lui-même les ressources humaines indispensables à son développement économique, social et industriel.
L’enjeu est stratégique, un pays ne se développe durablement que lorsqu’il contrôle les savoir-faire qui façonnent son économie. En portant l’ambition d’atteindre 60 % d’apprenants orientés vers les filières techniques et professionnelles d’ici 2050, le gouvernement engage une transformation structurelle du modèle éducatif, alignée sur les besoins réels du marché, des territoires et des secteurs productifs. La diversification des filières, passées de cinq à une vingtaine, et la conversion annoncée de 170 établissements en centres polyvalents dès 2026 illustrent cette orientation. Le progrès doit désormais venir d’ici, des jeunes, des provinces, des activités productives enracinées dans les réalités du pays.
Il s’agit de refuser les modèles de dépendance économique où la valeur ajoutée est importée. Former des mécaniciens agricoles, des techniciens solaires, des constructeurs, des transformateurs agroalimentaires, des spécialistes du numérique, c’est préparer l’industrialisation du Burkina Faso à partir du territoire. C’est donner à chaque région les compétences pour valoriser ses ressources, pour créer de la richesse localement, pour ancrer les emplois dans les bassins de vie. Autrement dit, c’est construire le développement endogène par la maîtrise du savoir-faire local.
La dynamique de coopération avec le Mali, le Niger et le Congo-Brazaville renforce cette orientation. Ces États, engagés dans la même quête de souveraineté, savent qu’il n’y a pas d’indépendance politique viable sans indépendance productive. L’EFTP devient ainsi une école de dignité, de travail et de responsabilité collective.
Ce forum rappelle enfin que la refondation n’est pas un slogan : c’est une méthode. Elle exige l’engagement des institutions, des entreprises, des familles et de la jeunesse. En créant une plateforme de plus de 2000 stages, en équipant les centres de formation, en réorganisant les parcours, l’État ouvre un chemin. Reste à toute la nation de s’y engager avec lucidité et détermination.
D.Kaboré
