La scène politique malgache vient de basculer sous l’impulsion d’un militaire au parcours singulier : le colonel Michaël Randrianirina. Officier du CAPSAT, formé à l’Académie militaire d’Antsirabe, ancien gouverneur et ex-détenu, il incarne aujourd’hui la figure centrale d’une transition politique précipitée, sur fond de vacance présidentielle et de rejet populaire des élites en place.
Ce basculement intervient à la suite de l’exfiltration du président Andry Rajoelina par la France, après l’invalidation de sa tentative de dissolution de l’Assemblée nationale. La motion d’empêchement votée par les députés a ouvert la voie à une prise de pouvoir par l’armée, actée le 15 octobre par la formation d’un Conseil de défense nationale de transition (CDNT), dirigé par le colonel Randrianirina. La Haute Cour constitutionnelle, en constatant la vacance du pouvoir, a légitimé cette transition, conférant au militaire la charge de chef de l’État par intérim.
L’impact de cette transition sur le développement de Madagascar reste incertain. D’un côté, la figure de Randrianirina bénéficie d’un capital de sympathie populaire, acquis notamment lors des mobilisations citoyennes de la « Gen Z », où il s’était opposé à l’usage de la force contre les manifestants. De l’autre, le contexte institutionnel fragilisé, les suspensions d’organes clés (CENI, Sénat, HCDDED) et les incertitudes sur l’organisation d’élections risquent d’entraver la relance politique et économique du pays.
Si cette transition militaire se veut encadrée et temporaire, elle devra rapidement démontrer sa capacité à restaurer la confiance, préparer un retour à l’ordre constitutionnel et éviter tout enlisement. L’enjeu pour Madagascar est désormais de transformer ce coup de force en opportunité démocratique plutôt qu’en précédent instable.
M.A