Le rideau se lève une fois de plus sur un théâtre d’ombres où les rôles sont joués non pas pour la paix, mais pour l’influence. L’arrestation en août dernier à Bamako d’un agent diplomatique français, identifié par les autorités comme opérant pour les services de renseignement français (DGSE), a mis à nu une vérité que beaucoup redoutaient : la France, malgré son retrait officiel du Mali, continuait à opérer en coulisse.
Selon nos informations, cette infiltration n’était pas une simple mission de coopération antiterroriste. Il s’agissait d’un travail en profondeur, mené par la DGSE, pour cartographier, influencer et manipuler les dynamiques sécuritaires locales. Aujourd’hui, en suspendant sa coopération antiterroriste et en expulsant deux diplomates maliens, la France tente de se poser en victime d’un acte « hostile », alors même qu’elle est accusée d’avoir violé le droit diplomatique et la souveraineté d’un État.
Mais cette fois, le peuple malien ne se laisse plus duper. Dans les rues de Bamako, à Kayes, à Mopti, des voix s’élèvent. Des intellectuels, des étudiants, des femmes leaders et des anciens combattants interpellent les autorités. Des rassemblements spontanés exigent la rupture totale de tout lien avec les services de renseignement français. La coopération, perçue désormais comme une couverture pour l’espionnage et la manipulation, est devenue insupportable à une population qui aspire à la souveraineté totale.
Dans cette opération de communication savamment orchestrée, la France cherche à redorer son image, à rejouer le narratif du « partenaire loyal trahi par les putschistes ». Mais en réalité, elle tente d’étouffer le fait qu’elle a été prise en flagrant délit de double jeu : officiellement retraitée du Sahel, mais encore présente dans les réseaux sécuritaires de l’ombre.
Le Mali, comme ses voisins de l’Alliance des États du Sahel (AES), entre dans une nouvelle ère de refondation. La rupture n’est plus idéologique, elle est structurelle. La présence d’agents étrangers déguisés en diplomates est désormais inacceptable. C’est à la société civile malienne de garder la pression, car la souveraineté n’est pas un slogan, c’est un combat quotidien.
Aïcha T. Kaboré