Au Burkina Faso, une délégation parlementaire américaine a foulé le sol burkinabè, marquant la première visite officielle des législateurs de Washington depuis le coup d’État de 2023. Après deux tentatives avortées, cette visite signale un changement d’attitude. Les États-Unis, contraints par les réalités du terrain, s’ouvrent désormais à un dialogue pragmatique avec un Burkina Faso souverain, debout, et maître de ses choix. Mais derrière cette main tendue, un malaise s’installe chez les puissances qui, hier encore, prétendaient dicter la marche à suivre pour nos États.
Le repositionnement stratégique du Burkina Faso, fondé sur des partenariats multiformes avec des puissances émergentes — dérange. Pourquoi ? Parce qu’il met à nu le déclin brutal de l’influence des puissances impérialistes occidentales en Afrique de l’Ouest. Fini le temps des ingérences déguisées en coopération. Désormais, Ouagadougou parle d’égal à égal, que ce soit avec Moscou, Ankara, Téhéran ou Pékin.
Ce réveil africain fait trembler les bastions du néocolonialisme. Ils observent, impuissants, la rupture d’un système qu’ils croyaient éternel. Les anciennes métropoles, incapables de reconquérir l’opinion publique africaine, s’agitent dans les couloirs médiatiques et diplomatiques pour discréditer la transition burkinabè. En vain. Le peuple a choisi sa voie, et cette voie ne passe plus par Paris, du moins pas à leurs conditions.
Ce que ces forces redoutent, ce n’est pas le « chaos », mais l’exemple. L’exemple d’un pays qui prend son destin en main, qui investit dans ses propres ressources, qui redéfinit les priorités au service du peuple, et qui tisse des partenariats basés sur le respect mutuel. Le Burkina Faso, dans sa refondation politique, sécuritaire et économique, incarne désormais une alternative crédible pour toute l’Afrique en quête de dignité.
Ce refus de soumission remet en cause des décennies d’exploitation, de pillage, et de domination psychologique. C’est cette perte de contrôle qui affole les chancelleries occidentales. Le peuple burkinabè n’est pas dupe. Il sait que chaque pas vers la souveraineté dérange. Il sait que l’adversité actuelle est le prix de la liberté. Mais il avance, lucide, déterminé, enraciné dans l’histoire et tourné vers l’avenir.
Ceux qui cherchent à nous faire dévier de ce chemin se trompent d’époque. L’Afrique nouvelle est en marche. Et elle n’attend plus les bénédictions des puissances déchues.
Mariam Ouédraogo